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Early Harlem Swing Project / Early Harlem Swing Project à l'église St-Germain de Genève

Page du couverture - Succes triomphal pour le Early Harlem Swing Project en pleine action à Genève

L'église genevoise de St-Germain était comble le dimanche 14 novembre 2010 après-midi pour deux heures et demie d'un superbe concert de jazz classique. Orfèvre en la matiere depuis quelques décennies, René Hagmann présentait une évocation des grandes formations de jazz de la fin des années 20 et du début des années 30. ll s'était entouré de musiciens particulierement doués pour jouer dans l'esprit de l'époque : le trompettiste Béat Clerc et son Swiss Yerba Buena (j'abrège. . .), et les hôtes de marque Manu Hagmann, Jean-François Bonnel et Matthias Seuffert. 

Les arrangements respectaient fidèlement la manière des Duke Ellington, Luis Russell, McKinney's Cotton Pickers, Fletcher Henderson et Cab Calloway. Se jouant des difficultés techniques ("Variety Stomp" entre autres...), les musiciens ont montré une cohésion et un dynamisme d'ensemble remarquables. De superbes trios de Clarinettes ("Doin' The Voom Voom", "The Stampede") et de saxophones, des vocaux enthousiastes de la part des trois cuivres ("Beedle-Um-Bum"), et des solistes au mieux de leur forme ont forcé l'admiration des quelque 450 spectateurs. 
J'ai particulierement apprécié la place laissée aux solistes. En effet, les arrangeurs de l'époque privilégiaient parfois les sections et les ensembles, et les solistes se contentaient d'interventions assez brèves. Or, René Hagmann leur a ménagé une large place - comme dans "Just A Shade Corn" - et ils en valaient la peine. D'abord René lui-même, omniprésent, a impressionné par sa fougue et sa mise en place: fugitivement, on pensait à "Red" Allen, parfois a Bubber Miley. Régis Dessimoz, très solide trombone évoquait "Tricky Sam" Nanton, mais aussi le punch de Trummy Young, et ses scats ont été plus que redoutables. Beat Clerc, fin trompettiste, contrastait idéalement avec ses deux compères aux cuivres. 
Les anches n'étaient pas en reste, même si elles n'étaient guère gâtées par la résonance de l'église. Jean-François Bonnel a fourni des soli de saxes ténor et baryton pleins de verve, totalement dans l'esprit de l'époque. L'inventivité et la fluidité de Matthias Seuffert tant au sax alto qu'à la clarinette, et les soli élégants de Léo Muller, fort adroit clarinettiste, ont également séduit. 
La rythmique, évidemment plus discrète, mais d'une indispensable efficacité, a révélé un Manu Hagmann qui a tout compris du style, souvent en slapping, des contrebassistes de l'époque. ll alternait, selon les évocations, avec le tuba très sûr de Jean-Daniel Gisclon. Olivier Clerc, comme a l'accoutumée, a montré qu'il était un batteur accompli dans ce style. lmperturbablement, Nidy Niederhauser assurait au banjo, parfois à la guitare, une pulsion harmonique idéale, alors que Jean-Pierre Burkhard assumait sans faille et avec finesse des interventions parfois délicates au piano. 
Des micros bien visibles suscitaient quelque espoir que ce concert unique soit immortalisé. Il reste à souhaiter que la technique domine l'acoustique du lieu, quelque peu défavorable à la bonne écoute de certains instruments. René Hagmann et son équipe nous ont offert de très bons moments. Qu'ils nous reviennent ! DG


Daniel Gindrat
One More Time n°332 / fév. 2011

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www.manusound.net